353. A ce qui précède, j'ajouterai deux Récits Mémorables.

Premier Récit:

Un jour, me trouvant au milieu des anges, j'entendis leur conversation, qui avait pour sujet l'intelligence et la sagesse. Ils disaient que l'homme sent et perçoit que tout ce qu'il pense d'après l'entendement et se propose d'après la volonté vient de lui. Cependant rien de tout cela ne vient de l'homme, excepté la faculté de recevoir de Dieu les choses qui appartiennent à l'entendement et à la volonté. Comme tout homme naît avec l'inclination à s'aimer, afin qu'il ne périsse pas par l'amour de soi et l'orgueil de sa propre intelligence, il a été pourvu par création à ce que cet amour du mari fut transcrit dans l'épouse, et à ce que dans celle-ci par naissance il fut implanté l'inclination d'aimer l'intelligence et la sagesse de son mari, et ainsi le mari lui-même. C'est pourquoi l'épouse attire continuellement à elle l'orgueil de la propre intelligence de son mari, en l'éteignant en lui et le vivifiant en elle; elle le change de cette façon en amour conjugal et le remplit de charmes outre mesure. Le Seigneur l'a voulu ainsi, de peur que l'orgueil de la propre intelligence n'infatue le mari au point qu'il croie être intelligent par lui-même et non par le Seigneur. Il voudrait alors manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et par suite se croire semblable à Dieu, et être Dieu, comme le lui dit et le lui fit croire le serpent qui était l'amour de la propre intelligence. C'est pourquoi l'homme, après en avoir mangé, fut chassé du Paradis; et le chemin menant vers l'arbre des vies fut gardé par un chérubin. Dans le sens spirituel, le paradis signifie l'intelligence, et, manger de l'arbre des vies, c'est être intelligent et sage par le Seigneur; manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, c'est être intelligent et sage par soi-même.