4368. Si, je te prie, j'ai trouvé grâce à tes yeux, et tu recevras mon présent de ma main, signifie le réciproque d'affection, afin qu'il fût insinué : on le voit par ce qui précède et par ce qui suit ; en effet, il s'agit de la conjonction du bien avec les vrais dans le naturel, par conséquent de l'insinuation de l'affection par le bien dans le vrai ; que ce soit pour cela que le présent envoyé par Jacob a été refusé, savoir, pour que l'affection fût insinuée dans le vrai, c'est ce qui vient d'être montré numéro 4366, c'est pourquoi ces mots qui précèdent immédiatement, non pas, je te prie, signifient l'origine de l'affection, numéro 4367 ; de là ces paroles :
« Si, je te prie, j'ai trouvé grâce à tes yeux, et tu recevras mon présent de ma main, » signifient le réciproque de l'affection afin qu'il fut insinué ; car Jacob les prononce d'après le bien vouloir, c'est-à-dire, d'après l'affection ; de là vient qu'il est dit dans la suite qu'il le pressa. Par le réciproque d'affection, qui est insinué par le Bien que représente Esaü dans le Vrai représenté par Jacob, il est entendu l'Affection du Vrai ; en effet, il y a deux affections qui sont célestes, savoir, l'affection du bien et l'affection du vrai, il en a déjà été quelquefois question ; l'affection du vrai ne tire pas son origine d'autre part que du bien, l'affection elle-même vient de là, car le Vrai par lui-même n'a point la vie, mais c'est du Bien qu'il reçoit la vie, c'est pourquoi, lorsque l'homme est affecté du vrai, ce n'est pas par le vrai, mais c'est par le bien qui influe dans le Vrai et fait l'affection même ; voilà ce qui est entendu ici par le réciproque d'affection afin qu'il fût insinué. On sait qu'il y en a plusieurs, au dedans de l'Église, qui sont affectés de la Parole du Seigneur, et se livrent avec attention à sa lecture, mais néanmoins il y en a peu qui aient pour fin d'être instruits du vrai, car la plupart restent dans leur dogme, qu'ils s'appliquent seulement à confirmer par la Parole ; ceux-ci semblent être dans l'affection du vrai, mais ils n'y sont point ; il n'y a dans l'affection du vrai que ceux qui aiment à s'instruire des vrais, c'est-à-dire, à savoir ce que c'est que le vrai, et à scruter pour cette fin les Écritures : nul n'est dans cette affection que celui qui est dans le bien, c'est-à-dire, dans la charité à l'égard du prochain, et plus encore celui qui est dans l'amour envers le Seigneur ; chez ceux-ci le bien même influe dans le vrai et fait l'affection, car le Seigneur est présent dans ce bien : cela peut être illustré par ces exemples : Ceux qui sont dans le bien de la charité réelle, et qui lisent ces paroles que le Seigneur a adressées à Pierre :
« Moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle : et je te donnerai les clefs du Royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Matthieu 16:15-16, 17-18, 19 ; ceux-là, savoir, ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après le bien de la charité réelle, aiment à être instruits de ce qui a été entendu par ces paroles, et quand ils apprennent qu'ici la pierre sur laquelle l'Église sera bâtie signifie la Foi de la charité, que Pierre par conséquent signifie cette foi, et qu'ainsi c'est à cette foi que les clefs ont été données pour ouvrir et pour fermer le Ciel, voir la Préface du Chapitre 22 de la Genèse, alors ils se réjouissent, et ils sont affectés de ce vrai, parce qu'ainsi ce pouvoir est au Seigneur Seul, de qui procède la foi ; mais ceux qui sont, non pas dans l'affection du vrai d'après le bien de la charité réelle, mais dans l'affection du vrai d'après un autre bien, et plus encore si c'est d'après l'amour de soi et du monde, ceux-ci ne sont point affectés de ce vrai, au contraire ils s'affligent ; ils s'irritent même, car ils veulent revendiquer ce pouvoir pour le sacerdoce ; ils s'irritent parce qu'ainsi ils sont privés de la domination, et ils s'affligent parce qu'ils sont privés de la condescendance qu'ils exigent. Soit aussi cet exemple : Quand ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après le bien de la charité réelle apprennent que c'est la charité, et non la foi séparée d'avec la charité, qui fait l'Église, ils reçoivent ce vrai avec joie ; mais ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après l'amour de soi et du monde ne le reçoivent point. De même, quand ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après le bien de la charité réelle apprennent que l'amour à l'égard du prochain commence non par soi, mais par le Seigneur, ils se réjouissent ; mais ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après l'amour de soi et du monde ne reçoivent point ce vrai, et ils soutiennent avec opiniâtreté que cet amour commence par soi ; de là ils ne savent pas non plus ce que c'est qu'aimer le prochain comme soi-même. Quand ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après le bien de la charité réelle apprennent que la béatitude céleste consiste à faire du bien aux autres d'après le bien vouloir, sans aucune fin pour soi-même, ils se réjouissent ; mais ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après l'amour de soi et du monde ne veulent pas cela, et ne le comprennent même pas. Quand ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après le bien de la charité réelle sont instruits que les œuvres de l'homme Externe ne sont rien, à moins qu'elles ne procèdent de l'homme Interne, par conséquent du bien vouloir, ils reçoivent ce vrai avec joie ; mais ceux qui sont dans l'affection du vrai d'après l'amour de soi et du monde louent les œuvres de l'homme Externe, et ne s'inquiètent pas du bien vouloir de l'homme Interne ; ils ne savent même pas que le bien vouloir de l'homme Interne reste après la mort, et que les œuvres de l'homme Externe séparées d'avec lui sont mortes et périssent : il en est de même de tout le reste. D'après ce qui vient d'être dit, il est évident que les vrais de la foi ne peuvent jamais être conjoints à quelqu'un, à moins qu'il ne soit dans le bien de la charité réelle, qu'ainsi ils ne peuvent être conjoints qu'au bien, et que toute affection réelle du vrai vient de ce bien : chacun peut voir cela confirmé par l'expérience, qui s'offre chaque jour, savoir, en ce que ceux qui sont dans le mal ne croient point, tandis que ceux qui sont dans le bien croient ; de là il est bien évident que le vrai de la foi est conjoint au bien, et jamais au mal.