2256. De faire mourir le juste avec l'impie, et qu'ainsi le juste soit comme l'impie, signifie que le bien ne peut mourir, parce que le mal peut en être séparé : cela est évident par la signification du juste, en ce que c'est le bien, et de l'impie en ce que c'est le mal, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, numéro 2250 ; de là, de faire mourir le juste avec l'impie, c'est le bien avec le mal. Ces choses ne devant pas se faire, et y penser faisant horreur, elles sont écartées dans le sens interne, et alors se présentent celles-ci, que le bien ne peut mourir, parce que le mal en peut être séparé. Peu d'Hommes, si toutefois il y en a, ont connaissance de ce qui se passe à cet égard ; il faut qu'on sache que tout bien, quel qu'il soit, que l'homme a pensé et fait, depuis son enfance jusqu'au dernier instant de sa vie, reste. Il en est de même de tout mal, au point qu'il n'en périt absolument rien ; tout a été inscrit dans son livre de vie, c'est-à-dire dans l'un et l'autre de ses mémoires et dans sa nature, c'est-à-dire encore dans son caractère et dans son génie. C'est de là qu'il s'est formé une vie, et pour ainsi dire une âme qui est telle après la mort ; mais jamais les biens ne sont mêlés avec les maux ni les maux avec les biens, au point de ne pouvoir être séparés ; car s'ils étaient mêlés, l'homme périrait pour l'éternité ; le Seigneur y pourvoit. Quand l'homme vient dans l'autre vie, s'il a vécu dans les biens de l'amour et de la charité, le Seigneur sépare alors les maux, et par les biens il l'élève à Lui dans Je ciel. Si, au contraire, il a vécu dans les maux, savoir, dans ce qui est opposé à l'amour et à la charité, le Seigneur alors sépare les biens d'avec cet homme et les maux le portent dans l'enfer. Tel est le sort de chacun après la mort ; mais c'est une séparation, il n'y a jamais enlèvement complet. De plus encore, la volonté de l'homme, qui est une des deux parties de la vie, ayant été entièrement pervertie, le Seigneur sépare cette partie pervertie d'avec l'autre partie qui appartient à son intellectuel, et il implante dans l'intellectuel le bien de la charité, et par ce bien une nouvelle volonté chez ceux qui sont régénérés ; ce sont ceux-là qui ont la conscience. C'est aussi de cette manière que, dans le commun, le Seigneur sépare le mal d'avec le bien. Tels sont les arcanes qui ont été entendus, dans le sens interne, quand il est dit que le bien ne peut mourir, parce que le mal peut en être séparé.