2654. Se moquant, signifie non conforme ni favorable au Divin Rationnel : on peut le voir par la signification de se moquer, en ce que c'est ainsi qu'agit l'affection contre ce qui ne lui est ni conforme ni favorable. Dans le Verset précédent, il a été dit que l'enfant grandit et fut sevré, et qu'Abraham fit un grand festin quand il sevra Isaac, ce qui a signifié que le Rationnel précédent était séparé, quand le Rationnel du Seigneur devenait Divin : c'est pour cela qu'à présent il est parlé immédiatement du fils d'Hagar l'Egyptienne, par lequel est entendu ce Rationnel, ainsi qu'il a été montré dans l'explication du Chapitre 16 de la Genèse, où il s'agit d'Ismaël et d'Agar ; de là il est encore évident que les choses qui sont dans le sens interne se suivent en série continue. Quant à ce qui concerne le premier Rationnel du Seigneur, comme il naquit de la même manière que chez un autre homme, savoir par les sciences et les connaissances, il était impossible qu'il ne fût pas dans les apparences du vrai, qui en elles-mêmes ne sont pas des vrais, ainsi qu'on peut le voir par ce qui a été rapporté numéros 1911, 1936, 2196, 2203, 2209, 2519 ; et puisqu'il était dans les apparences du vrai, les vrais sans les apparences, tels que sont les vrais Divins, ne purent ni lui être conformes ni lui paraître favorables, tant parce qu'il ne les saisit pas que parce qu'ils lui sont opposés.
Mais pour illustration, prenons des exemples : le Rationnel humain qui, d'après sa nature, provient des mondains par les sensuels, et plus tard des analogues des mondains par les scientifiques et les connaissances, se rit ou se moque pour ainsi dire, si on lui dit qu'il ne vit pas par lui-même, mais qu'il lui paraît comme s'il vivait par lui-même ; et que moins quelqu'un croit vivre par soi-même, plus il vit, c'est-à-dire, plus il est dans la sagesse et l'intelligence, dans la béatitude et la félicité ; et que cette vie est celle des Anges, surtout de ceux qui sont célestes et intimes, ou le plus près du Seigneur, car ils savent que nul ne vit par soi que Jéhovah seul, c'est-à-dire le Seigneur. Ce Rationnel se moquerait encore, si on lui disait qu'il n'a aucun propre, mais qu'il y a illusion ou apparence qu'il en a un ; il se moquerait encore plus, si on lui disait que plus il est dans l'illusion qu'il a un propre, moins il en a, et réciproquement ; il en serait de même, si on lui disait que tout ce qu'il pense et fait d'après le propre est mal, quand même ce serait le bien ; et qu'il n'a la sagesse que quand il croit et perçoit que tout mal provient de l'enfer, et que tout bien procède du Seigneur ; c'est dans cette foi, et même dans cette perception que sont tous les Anges, qui cependant ont plus abondamment que tous les autres un propre ; mais ils savent et perçoivent que ce propre procède du Seigneur, quoiqu'il paraisse absolument comme s'il leur appartenait. De plus, ce Rationnel se moquerait, si on lui disait que, dans le Ciel, les plus grands sont ceux qui sont les plus petits, les plus sages, ceux qui croient et perçoivent qu'ils ne sont point du tout sages ; les plus heureux, ceux qui veulent surtout le bonheur pour les autres et nullement pour eux-mêmes ; que le Ciel consiste à vouloir être au-dessous de tous, et l'enfer à vouloir être au-dessus de tous ; qu'ainsi dans la gloire du Ciel il n'y a absolument rien de ce qui est dans la gloire du monde. Ce Rationnel se moquerait pareillement, si on disait que dans l'autre vie il n'y a rien de l'espace ni du temps, mais qu'il existe des états selon lesquels il y a des apparences d'espace et de temps ; et que la vie y est d'autant plus céleste qu'elle s'éloigne davantage de ce qui tient à l'espace et au temps et s'approche plus de ce qui est l'éternité, dans laquelle il n'y a absolument rien qui provienne de l'idée du temps ni de ce qui est analogue au temps : il en serait de même pour un nombre indéfini d'autres choses. Le Seigneur vit qu'il y avait de telles idées dans le Rationnel purement humain, et que par conséquent ce Rationnel se moquait des choses Divines, et même il le vit d'après le Divin spirituel, ce qui est signifié par Sarah vit le fils d'Hagar l'Égyptienne, numéros 2651, 2652 : que l'homme d'après son intérieur puisse avoir l'intuition des choses qui, chez lui, sont inférieures, c'est ce que connaissent par l'expérience ceux qui sont dans la perception, même ceux qui sont dans la conscience, car ils voient au point qu'ils blâment leurs pensées mêmes ; de là les régénérés peuvent voir quel est le Rationnel qu'ils avaient avant la régénération ; mais chez l'homme une telle perception est par le Seigneur, tandis que celle du Seigneur fut par Lui-Même.